Quête ; Ascension Olympienne

La rumeur dit qu'un grand pouvoir attend celui qui atteindrait le haut de cette montagne. Peut-être est-il temps de lancer une expédition ?

Une seule règle pour réussir la quête ; atteindre le sommet. Par conséquent, ceux qui n'auront pas une participation régulière ou qui se feront évincer par les autres ne remporteront pas le prix. Soyez fidèle à votre personnage, à ses forces, ou je me chargerai de vous ! Oh, et. Aucun pouvoir autorisé.

La temps est clair, vous êtes au début de l'ascension.

June s'était équipée en conséquence. Emmitouflée dans son manteau de montagne, des lunettes de ski repoussée sur sa tête, le nez dans son écharpe, elle tâchait d'avancer d'un bon pas. Elle jeta un regard en amont, où progressait le reste de la colonne sur le chemin sinueux, rajusta la bretelle de son sac à dos et, déterminée, poursuivit son ascension.

Nailah pestait. Oui, elle pestait contre son Don absent en ces lieux maudits, elle pestait contre le froid qui la glaçait. Un froid qu'elle n'avait pas connu depuis trop longtemps.

Mais son ego lui soufflait de ne pas abandonner. D'ores et déjà en tête de file, elle ignorait le supplice que l'ascension faisait subir à son corps affaiblit. Ne pas flancher. D'autant plus qu'un peu plus loin se dressait la silhouette de Chazee. Ah, non. Hors de question de se laisser distancer par cette garce !

Elle maintint l'allure.

Enelle n'aimait pas beaucoup le froid.

Et pourtant, elle gardait cet air imperturbable. Au centre de la file, elle ne prêtait guère attention à son entourage, si ce n'était pour s'attarder quelques instants sur le paysage immaculé. Sinon, elle regardait ses pieds, pas à pas, attentive à ne pas riper sur le sol glacé. Elle rêvassait à sa façon, guettant les flux et reflux de magie plutôt inquiétants de la Montagne. Quelle créature vivait donc là ?

June releva le nez de ses boots pour voire Samain arriver. Elle fronça les sourcils et déjà, se morigénait pour sa lenteur. Elle lui accorda néanmoins un sourire chaleureux et fatigué lorsqu'il arriva à sa hauteur et le salua joyeusement quoi qu'essoufflée, taquine :

« Tu as perdu tes repères, Sidhorin ? »

Du menton, elle désigna le reste de la file.

« C'est de l'autre côté le sommet ! »

Ah, non, la jeune Lowy ne perdait rien de son enthousiasme, malgré les difficultés qu'elle éprouvait, et préférait taquiner le serveur pour alléger son humeur plutôt que de le houspiller pour être venu lui tenir compagnie. Entre membres de la Rébellion, il fallait se serrer les coudes, non ?

Lila, comme tout le monde, grimpait. Affublée d'un manteau épais, d'un bonnet, de gants et de grosses bottes, elle ne ressentait quasiment pas le froid, et appréciait la beauté du paysage enneigé. Son souffle était court sous l'effort, et créait d'épaisses volutes de brume qui s'éloignaient dans l'air.

Elle marchait en compagnie des autres. Son don ne semblait pas fonctionner en ce lieu, mais cela ne la changeait pas beaucoup : les autres ne la remarquaient quasiment pas ; soit était-elle trop discrète comme à son habitude, soit ils étaient trop absorbés par leur propre ascension. Il s'agissait sans doute d'un peu des deux.

La petite Lowy entendit le hurlement, et un long frisson lui parcourut l'échine. Du fond de la file, elle ne pouvait pas percevoir les bêtes, si bien qu'elle se demanda si elle n'avait pas rêvé. Hélas, elle nota bien vite que toute la colonne s'était figée en même temps qu'elle.

Elle réalisa que dans un réflexe terrifié, elle avait agrippé le bras de Samain pour le serrer aussi fort qu'elle pouvait, et ce malgré les moufles qui entravaient ses mains. Elle lui lança un regard désespéré, perdue comme elle était. Que faire contre ses fauves ? D'autant plus que tous étaient dépourvus de dons...

Pouvoir ou non, peur ou sérénité, tout ne faisait qu'un dans la folie grisante de Nailah. Sitôt le hurlement perçut, elle sentit la crainte fondre sur elle telle une compagne que trop longtemps oubliée. Elle provoquait en elle ce délicieux frisson qui chassait l'ennui. Quelque fût la situation la chef des Syas se devait de poursuivre la tête haute, méprisant la terreur et ses instincts que pour vivre plus intensément.

Ô douce démence.

Nailah ralentit pour s'arrêter à une distance raisonnable de Chazee, et plus raisonnable encore des loups affamés. Elle se concentra pour essayer de percevoir l'avenir et esquissa une moue déçue. Ce don aussi, lui faisait défaut. Alors, pour sauver la face, elle lâcha d'une voix qui se voulait assurée :

« Dis-donc, Vincentius, ça s'rait pas tes petits amis, en face ? Tu devrais aller leur dire bonjour ! »

Un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres, certaine que la change-forme aussi se trouvait dépourvue de tous talents. Néanmoins, ses prunelles d'onyx ne quittèrent pas les loups, qui déjà, se rapprochaient.

Des... loups ?
Jusqu'alors, Enelle n'en avais vu que dans les livres et sur des images. C'était la première fois qu'elle en voyait des vrais de vrais, bien qu'ils soient méchamment affamés. Elle leur porta un regard curieux et perplexe, jusqu'à ce qu'elle réalise la notion de danger qui émanait d'eux. Elle songea alors à utiliser son pouvoir, influencer les flux émanant de la montagne pour faire choir neige et rocs sur les bêtes.
Et voilà qu'elle réalisait que son don demeurait inaccessible. Elle en resta pantoise, quelques secondes, fixa sa voisine la plus proche, Lila, la documentaliste, puis jeta un coup d'oeil perdu à Samain et Fairië, derrière, et commença à s'éloigner à reculons, d'un pas prudent, tout en se demandant quel pouvait être ce nouveau sentiment, assez perturbant, qui grandissait en elle.
La peur ?

Enelle reculait toujours, à pas mesurés, en avisant le loup qui se rapprochait d'elle. Ses prunelles étranges sondaient celles de la bête. Elle contrôlait du mieux qu'elle pouvait sa peur - elle avait lu quelque part que le contraire aurait pousser la bête à attaquer prématurément - et se rapprochait peu à peu de ses collègues et de l'inconnue.

Elle sondait les alentours désespérément, scrutait les flux mentalement, jusqu'à ce que...

« Je... Je crois qu'il y a une crevasse, juste devant ! »

Elle avait parlé d'une voix claire et forte pour que tous l'entendent. Mais le loup lui barrait le passage. Un plan. Une diversion. Quelque chose !

Nailah suffoquait de colère, de haine, de jalousie.
Pourquoi cette traîtresse de garce devait-elle s'en sortir mieux qu'elle ? Fichue bestiole, elle aurait donner son bras pour qu'un de ces petits copains noirs et hirsutes la massacre, pour la réduire en charpie, comme elle avait fait avec ce James Catterson. Mais elle ne pourrait pas brûler ses restes - et elle ne le ferait pas même si elle le pouvait - pour que ces petites créatures fassent ripaille. Parfaite diversion pour qu'elle puisse filer.
Uen - ou un autre - en décida autrement. Mais Nailah ne reculait pas, pas question de faire un seul pas pour fuir, pas un seul. Fol Orgueil.
Démence.
Elle entendit les paroles de la blondinette, sans quitter le regard fauve de son attaquant. La folie téméraire s'empara d'elle. C'était à pire ou face. Elle s'élança, ses longues jambes ne pouvaient certes pas distancer un loup, mais il ne s'agissait que de quelques pas... Un grognement, une mâchoire qui claque dans le vide, cela n'était passé qu'à quelques millimètres. Nouvel élan, elle dépasse Chazee, encore un pas...

Et la crevasse se présente, sans qu'elle ne puisse en percevoir le fond.
Folie et désespoir.
Nailah n'hésita pas une seule seconde pour se précipiter dans le vide.
Chute grisante.

Lila avait senti un frisson lui parcourir le dos lorsqu'avaient retenti les cris des loups. Mais pas un frisson de peur, non, pas vraiment : plutôt une réaction à la beauté froide de ces hurlements portés par le vent. Elle n'avait pas réellement peur, tellement elle était fascinée par ce qu'elle entendait.
Et puis elle vit. Des silhouettes sombres qui s'approchaient des grimpeurs. Plus ils s'approchaient, plus on discernait leurs mâchoires entrouvertes, laissant apparaître leurs dents aiguisées, leurs yeux brillants, leurs corps sveltes recouverts d'une fourrure allant de noire à gris-blanc selon les spécimens. Là encore, leur beauté était fascinante.
Quatre loups s'approchaient des grimpeurs, et Lila recula instinctivement, sans les quitter des yeux. Elle heurta une pierre et tomba en arrière dans la neige. Elle crut son destin scellé, mais les loups avaient choisi d'autres cibles. Elle se releva à demi et recula encore un peu, observant la scène. L'une avait déjà choisi la crevasse, tandis que les autres tentaient tant bien que mal d'échapper aux loups. Elle était impuissante, et tenter de les aider aurait été suicidaire. Mais elle ne pouvait pas rester comme ça, à rien faire...

Bien-sûr qu'elle savait qu'il était là. Mais pour qui il la prenait, ce mioche. Elle s'apprêtait à faire son acte publique le plus brave jamais commis et il trouvait le moyen de tourner cela au ridicule. Navrant.

Mais l'élan avait déjà été pris; sa brève réflexion n'avait pas été en mesure de stopper le mouvement puissant qui la propulsa au-devant, soulevant nombre de flocons enthousiastes. De loin, la scène aurait apparut comme tel : une espèce de grande folle à la tignasse trop enneigée qui s'abat sans miséricorde sur un jeune enfant et sa compagne. Parce que t'en qu'à faire crouler le jeunot sous son poids, elle avait accrocher la demoiselle au passage sans bien la ménager.

Chazee se redressa, des éclairs dans les yeux, envahie de ce brasier possessif propre aux louves maternelles :

« MIENS ! »

Et même si à cet instant la vive aura de Potentiel qu'elle aurait envoyé fut étouffée par la montagne, les animaux soulevèrent tous un pif hésitant, la croupe soudainement moins engagée.

« Vous là-dessous, si vous sapez mon autorité pendant la moindre seconde, nous sommes tous morts... »

Et le murmure était d'un sérieux macabre.