L'île d'Al Dryen
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Sund vous observe...
 
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 Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}

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June K. Lowy


June K. Lowy


Âge du peronnage : 18 ans
Localisation : Dans l'ombre de Gabriel
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MessageSujet: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyLun 19 Sep - 12:23

June tournait en rond dans sa chambre comme une lionne en cage.
Elle cherchait désespérément un moyen pour évacuer sa rage, pour cracher son mépris. Elle était bien tentée de hurler sur tous les toits combien elle détestait Sund, mais ce serait, tout compte fait, un geste bien imprudent. Elle pestait, persifflait, grondait, lançait des objets au travers de la pièce dans un fracas épouvantable. De toute façon, Gabriel était absent.
Un coup de pied rageur dans le pied de son lit lui arracha un hurlement à peine étouffé et, très vite, elle saisit son tibia douloureux entre ses mains, sautant à cloche pied à travers la pièce, se maudissant de plus belle et se laissa finalement tomber à plat vent sur son lit, face contre son oreiller.

C’était Sund. Elle en était certaine, il s’agissait de Sund.
Son père, monsieur Lowy, n’avait jamais caché son appartenance à la Rébellion – s’il s’était fait discret depuis, personne n’avait oublié qu’il avait clamé haut et fort son soutien à Gabriel Jewel lors de l’Appel, presqu’un an plus tôt. Et le Tyran non plus, ne l’avait probablement pas oublié. C’était la raison pour laquelle elle était si certaine qu’il s’agissait de lui ; il avait voulu montrer l’exemple, il avait dû lâcher l’un de ses fauves sur l’homme.

Sund lui avait prit James.
Maintenant, c’était son père.

Et malgré le peu d’affection qu’elle portait à l’homme, chaque jour sa haine se faisait un peu plus forte. Chaque seconde, elle sentait ce vide, poignant et dévastateur, l’étreindre. Un sinistre appel, des sentiments que jamais elle n’avait éprouvé encore, elle qui était si douce, si gentille… Elle s’en voulait. Comme elle aurait préféré mourir aux côtés de James, elle souffrait de ne pas avoir vu venir ce meurtre. Elle aurait dû le prévoir, le sentir. Elle devrait avoir quelqu’un avec un don de prescience à ses côtés, pour esquiver tout mauvais coup à Rébellion.

Elle se retourna sur le dos et contempla le plafond de sa chambre.

D’un élan de volonté, elle repoussa le sentiment de rage et de culpabilité. Elle devait aller faire les démarches administratives nécessaires pour hériter du Orphelinat comme il se devait, et se préparer dès à présent de son nouveau travail. Elle devait aussi dire adieu à ses études. Aviser de combien elle disposait. Elle devait garder la tête froide pour assumer ses nouvelles responsabilités et un jour mener la Résistance à la chute de Sund.

Ce qu’elle aurait voulu être plus forte…
Mais elle n’y parviendrait jamais, songeait-elle. Elle ne pouvait pas rester fière, elle ne pouvait pas maintenir éternellement sa carapace : elle le savait depuis qu’elle avait enterré James Catterson. Son cœur grelottait tant de chagrin que de rage.

La douleur au tibia oublié, elle se leva, refoulant les larmes par un excès de rage. Elle saisit la première chose qui lui tombait sous la main et, d’un geste dont elle ne se croyait pas capable, le lança de toutes ses forces. Le fracas d’une vitre brisée la laissa interdite.

« Oh, non, Gabriel va me tuer. » souffla-t-elle.

C’était peu dire, n’est-ce pas ?
Elle se précipita à la fenêtre, priant pour que celui-ci ne fût pas dans les parages – ce qui serait bien trop beau – et observa les dégâts avec un air paniqué. Quelle idée avait-elle eu de lancer sa précieuse chaussure par la fenêtre ? Et si quelqu’un, plus bas, l’avait reçue sur la tête ? Voilà qui serait fort fâcheux. Peut-être devrait-elle songer à déménager. Elle pourrait vivre à l’Orphelinat, désormais. Gabriel, après cet épisode, allait rêver d’une tranquillité toute méritée. L’occasion de lui offrir se présentait.

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Gabriel Jewel


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyMar 11 Oct - 9:30

    June avait beau être bénie de Lyhla à bien des égards, sa chance ne lui épargna pas le retour de Gabriel juste un peu après que sa chaussure soit arrivée sur le trottoir, épargnant bien heureusement un éventuel passant malchanceux. Pourquoi était-il sorti ? Il ne l’avait même pas dit à June : il était parti sur la tombe de ses parents. Peut-être s’en doutait-elle. Après la mort de Monsieur Lowy qui, aux yeux de tous, apparaissait comme un deuxième père pour Gabriel, celui qui l’avait recueilli suite au décès de ses parents comme tous les autres orphelins de l’île mais qui, de part la destinée exceptionnelle de l’enfant, s’était véritablement rapproché de lui, comme s’il avait voulu être son vrai père, il n’y avait pas comportement plus prévisible. En même temps, le jeune homme ne se targuait pas d’être exceptionnel, tout au moins sur le plan comportemental. Tout le monde ou presque en était persuadé et, s’il l’était bel et bien, personne ne touchait la vérité. Il n’était pas le héros que l’on cherchait en lui, dont le comportement irréprochable était un modèle pour tous les enfants d’Al Dryen : June, à vivre avec lui, le constatait aisément. Il était peu agréable le matin, trop solitaire pour son bien malgré son charisme naturel de leader, trop têtu aussi, et était presque incapable de prendre soin de lui tout seul, ayant trop de chose à penser pour s’occuper de menus détails tels se nourrir. La cadette Lowy était une aubaine pour le chef des Rebelles, même si, d’apparence, c’était plutôt l’inverse, et ce bien qu’elle ait alors à supporter ses multiples défauts que l’on ne connaissait vraiment qu’en le côtoyant tous les jours, tels son mauvais caractère matinal et sa maniaquerie qui devenait vite insupportable.

    Quoi qu’il en soit, et non sans protéger la maison au préalable avec une batterie de sort efficace, priant pour que June ne les désactive pas, Gabriel Jewel s’était permis de sortir, lui qui devait pourtant vivre caché. Il avait bien entendu usé d’un sort pour ne pas être reconnu : plusieurs heures durant, il demeura ainsi devant la tombe de ses parents. Il savait que personne ne le trouverait louche, les Jewel ayant été des gens très apprécié. Du bouquet de fleur qu’il leur avait amené, cependant, il retira une fleur unique, une belle rose blanche : il la déposa pour Sakura, se contentant de passer brièvement devant sa tombe. Il ne devait même pas avoir le droit d’agir ainsi, normalement : il ne se privait cependant pas pour le faire. Il avait beau l’avoir tuée, il n’en avait tiré absolument aucune satisfaction. Et elle avait beau avoir été infecte avec lui, elle lui manquait, non plus à cause de l’amour qu’il lui avait voué mais simplement parce qu’elle était Sakura Lowy, irremplaçable. Cela faisait désormais un an, et c’était son père qu’il lui avait envoyé en commémoration macabre. Soupir.

    Journée banale dans le quotidien de Gabriel… Du moins, ce fut ce qu’il pensa jusqu’à voir une chaussure juste devant chez lui, accompagnée de quelques débris de verre. Il ne l’avait pas vue tomber : par conséquent, il construisit toutes sortes d’hypothèses dans sa tête, effrayé par avance. Il n’avait pas tardé à reconnaitre une des chaussures de sa colocataire : et si elle avait, par mégarde, désactivé l’un des puissants sortilèges qu’il avait lancé sur la maison pour assurer leur sécurité à tous les deux ? Et si un Sya quelconque, par excès de zèle, s’était mis en tête de la capturer pour la ramener plus tard à son maitre ? Il n’avait aucun message du genre et, à cause du don de la demoiselle, était incapable de la repérer par magie. Peut-être même, pire encore, que ce Sya qui aurait pu l’avoir enlevé déciderait de la torturer voire de la tuer avant d’en parler à son Maître ! Eliminer June Lowy serait la suite logique de la mort du directeur de l’orphelinat, et, si Sund n’avait donné aucun ordre tel, il était évident qu’en tant que proche de Gabriel Jewel et probablement membre de la Rébellion, probablement important vu qu’elle vivait avec son dirigeant, elle était une victime de choix. Ce fut l’une des rares fois où Gabriel fut pris de panique : il ramassa la chaussure dans un reflexe stupide que lui-même ne comprendrait pas une fois qu’il aurait le recul nécessaire pour y songer, s’écorchant méchamment la paume de la main par la même occasion sur un morceau de verre. Il se rua vers la porte d’entrée qu’il déverrouilla par magie, alternative plus rapide que celle de chercher ses clés, et qu’il claqua derrière lui. Il traversa cuisine et salon pour gravir les escaliers le plus rapidement possible. Il ouvrit la porte de la chambre de June à la volée, de sa main libre, et si la peur était encore sur son visage, elle disparu rapidement au profit du soulagement. Elle était là.

    Et comme s’il ne pouvait pas conserver plus de quelques secondes le même sentiment, ce fut une surprise extrême et la colère qui pointèrent ensuite le bout de leur nez : lorsqu’elle avait emménagé chez lui, Gabriel avait bien précisé à quel point il tenait à l’ordre : et si elle laissait souvent trainer sa veste ou une autre babiole dans la maison, l’ordre restait plus ou moins le même qu’auparavant. Elle avait hérité de la pièce que Gabriel avait fait refaire comme sa chambre d’enfant, vu qu’il dormait désormais dans celle de ses parents. June savait comme il y tenait : et pourtant, non contente de la mettre à sac, elle avait même cassé une fenêtre ! Les sourcils de Gabriel se froncèrent alors qu’il prit la parole, d’un ton faussement calme, néanmoins glacial.

    « Qu’est ce que tu as fait, June ? »

    Il attendait une explication qu’il espérerait valable : et June n’ignorait sûrement pas qu’il s’agissait du moyen le plus sûr pour que son colocataire, qui lâcha devant lui la chaussure de la jeune fille comme preuve de son délit, reprenant son souffle suite à sa course pour atteindre la chambre, ne parte pas dans une vraie colère, destructrice. Il se moquait du sang qui coulait légèrement de sa main : il comptait régler cela plus tard. Pour le moment, il était d’autant plus énervé qu’il s’était inquiété, alors qu’il n’aurait jamais dû l’être.



Dernière édition par Gabriel Jewel le Lun 24 Oct - 11:00, édité 1 fois
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June K. Lowy


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyVen 14 Oct - 20:50

June ouvrit la bouche, et, comme aucun son n’en sortait, la referma aussi sec, penaude.

Que répondre ? Elle savait pertinemment que Gabriel attendait d’elle une excuse ou une justification valable, de celles qui prônaient un malencontreux accident, un malaise, enfin, quelque chose. Or, elle n’avait rien à dire. La petite Lowy n’était de celles qui exposaient vertement leur chagrin ou leur mal être – qui n’étaient pas rangés dans la catégorie « excuses valables » de toute façon. Elle détourna le regard, confuse, espérant qu’il était trop en colère pour voir son léger maquillage un peu plus tôt ravagé par les larmes. Elle jeta un rapide coup d’œil à la chambre, ravagée. Grimaça. C’était bien entendu un désastre pour la maniaquerie légendaire de Gabriel Jewel. Elle le savait. Elle se balança d’un pied sur l’autre, mal à l’aise, avant de souffler :

« Désolée… »

C’était la moindre des choses, que de s’excuser, non ?
Tête basse, elle avisa sa chaussure, sa pauvre petite chaussure qui avait fait un si joli plongeon. Dans d’autres circonstances, elle aurait trouvé ça drôle. Avec James, elle aurait trouvé ça amusant, même, de mettre la demeure Jewel sans dessus dessous, de jeter tout un tas d’objet par les fenêtres ou de déplacer les meubles pour rendre le propriétaire des lieux complètement fou. Avec James. Elle ignora le nœud qui se formait dans sa gorge, se retint de déverser sa rage et sa peine sur son colocataire. Elle ne pourrait pas éternellement l’accuser de ne pas avoir sauvé ces personnes auxquelles elle tenait. Peut-être était-ce à elle de devenir plus forte, à elle de les protéger. Et désormais, elle ferait tout son possible pour préserver la Résistance. Elle ne manquait pas de courage ni de bêtise pour courir en première ligne.

Elle chassa ses pensées, que trop pesantes, leva un regard timide vers Gabriel pour voir si sa colère lui passait. Elle doutait que son excuse suffît, mais elle risqua tout de même un coup d’œil vers son colocataire pour voir à quoi s’attendre. Une opération qu’elle divisa mentalement en plusieurs étapes. À commencer par fixer les pieds de son vis-à-vis, puis peut être ce miroir derrière lui, qui lui permettrait d’analyser la tension de ses épaules. Inconsciemment, elle élargit un peu le champ de son pouvoir – l’appréhension, probablement, sans être de la terreur, sa crainte était réelle. Elle s’adressait tout de même à l’homme le plus puissant de l’île.

Toute son inquiétude se volatiliser – se transformer plutôt. Le sang qui gouttait du poing de Gabriel la fit réagir au quart de tour. Elle se redressa, en proie à la panique, ouvrit grand son armoire, et de son tiroir à sous-vêtements – ses soutiens-gorges volant à travers la pièce alors qu’elle commençait les fouilles archéologiques pour trouver l’objet voulu – tira sa trousse à pharmacie. Ni une, ni deux, elle en sortit le nécessaire, et soudain impérieuse, toute inquiétude envolée, elle ordonna à Gabriel de s’asseoir et de la laisser le soigner.

Bien entendu, elle savait pertinemment que Gabriel pourrait se soigner tout seul ; le temps d’un battement de cil, il ferait appel à son potentiel et tout morceau de verre pourrait alors instantanément disparaître de la plaie et la refermer plus nettement encore que s’il s’agissait de la meilleure guérisseuse de l’île s’en occupait – certains professeurs de l’Académie prétendaient que c’était plus facile d’appliquer ce genre de pouvoir sur soi, car il s’agissait de son propre corps et par conséquent, de son ressenti. Bref, la jeune Lowy prônait une économie maximale des pouvoirs de Sund ; hors de question qu’il continuât d’utiliser son don pour les tâches ménagères diverses ou pour les divers problèmes du quotidien. Il était temps qu’il se comportât comme le commun des mortels. Une décision dont elle ne démordrait pas, même si elle savait qu’elle risquait de se surmener entre Gabriel et l’Orphelinat. Peu lui importait, tant elle pouvait être utile.

« Ne fais pas l’enfant », précisa-t-elle, en guise d’avertissement.

De toute façon, il lui suffisait d’user de son propre pouvoir pour parvenir à ses fins. Mais, elle savait combien Gabriel pouvait être susceptible, et une telle approche pourrait simplement l’encourager à se murer dans son obstination. Malheureusement pour lui, June était aussi quelqu’un de très têtu, et s’il ne se pliait pas à sa décision, l’impasse deviendrait inévitable.


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyMar 22 Nov - 10:10

    La jeune fille qu’il hébergeait et qui venait de saccager la pièce qu’il lui avait gracieusement laissée semblait confuse : encore heureux ! Gabriel n’aurait pas supporté de la voir pleine d’aplomb. Parallèlement, son incapacité à lui présenter une excuse valable pour l’état dans lequel elle avait mis la pièce le frustrait plus encore : dans tous les cas, il était bien parti pour lui en vouloir, brûlant de cette colère froide qu’était la sienne, faisant tous les efforts du monde pour ne pas élever la voix tout en montrant très clairement que les choses ne lui convenaient pas. Et s’il remarqua que le maquillage de la jeune fille avait coulé, il n’y fit pas attention, trop plein de sa propre colère pour faire attention aux sentiments de la jeune fille, aveuglé par sa propre personne. Désolée ? Elle avait intérêt à être désolée ! La mâchoire de Gabriel se crispa, dans un reflexe de colère contenue incontrôlable. Elle ne se rendait de toute évidence pas compte de la portée de son acte : c’était comme si elle avait violé un sanctuaire sacré en mettant un tel désordre dans cette pièce qui était la réplique exacte de sa chambre d’enfant. Gabriel, extrême ? Non, après tout, ce n’est pas comme si on parlait du type qui, suite à une violente déception et en conséquence de sa solitude, avait décidé de prendre le pouvoir sur l’île pour punir tout ceux qui voulaient profiter de son pouvoir, ceux qui le jalousaient et ceux qui l’ignoraient et, pire encore, qui faisait tout cela par jeu, dans l’aire de jeu qu’il s’était crée et qui correspondait à l’île entière.

    Soudainement, June sembla dépasser la confusion et la désolation qui l’habitait, au profit d’une panique de toute autre origine, sans que Gabriel comprenne pourquoi d’abord. Un instant, il crut presque qu’elle comptait s’enfuir, alors qu’elle se mettait à s’agiter vivement dans la pièce. Et c’était proprement hors de question : elle devait assumer ses actes, assumer le fait qu’elle venait de faire, aux yeux de son hôte, un véritable sacrilège. Très vite, il se rendit compte qu’elle ne faisait que fouiller dans son armoire, mettant un peu plus de désordre encore dans cette chambre qu’il lui avait cédée si rangée qu’elle en paraissait impersonnelle et qui était maintenant jonchée de divers objets, sans parler bien sûr de la vite qu’elle avait osé casser. Il était hors de question de lui pardonner si tôt cet affront : il tenait à avoir des explications avant cela. C’est en serrant un peu plus son poing et en sentant la douleur là où il s’était blessé en récupérant la chaussure de la jeune fille qu’il comprit, alors même qu’elle sortait la trousse de soin. Elle voulait le soigner ? Alors qu’au fond, c’était à cause d’elle, à cause de la peur qu’il avait eu pour elle qui était pourtant bel et bien saine et sauve et qui avait saccagé une des pièces de sa précieuse maison, qu’il s’était blessé ? C’était hors de question, pas tant qu’il n’aurait pas des explications qu’il jugerait valable en tous cas. Après tout c’était SA faute, sa faute à elle, et puis ce n’était pas comme s’il ne pourrait pas se soigner tout seul en utilisant la magie : il pouvait le faire dans la seconde s’il le souhaitait, mais préférait attendre que sa colère retombe. Lorsqu’il était en proie à des émotions si puissantes, si dévastatrice, il pouvait presque être sûr d’en faire trop et de dépenser inutilement de l’énergie.

    Gabriel fronça donc un peu plus les sourcils en entendant l’ordre puis l’avertissement de la jeune fille : non, hors de question de l’écouter, il était trop terré dans sa colère pour ça. D’ailleurs, comme pour être sûr qu’elle n’essaie pas de le soigner de force, il éloigna légèrement sa main blessée vers l’arrière – certes, il était physiquement plus fort qu’elle à la base, mais on fera comme si on l’ignorait. Le ton de sa voix resta glacial, son idée simple se résumant à une seule chose : il ne se laisserait pas soigner par la fille qui l’avait mis en colère tant que cette colère ne serait pas redescendue.

    « Non. »

    La réponse semblait sans appel : Gabriel la voyait comme tel, mais il y avait fort à parier que June ne l’écouterait pas. Et comme il en avait bien conscience, le tyran ne tarda pas à ajouter quelques mots, toujours aussi polaire, que ce soit dans son attitude ou dans sa voix, sa colère mal contenue se traduisant par son froncement de sourcils et son allure franchement sur la défensive – sans parler de son ton, d’ordinaire plus affable quoi que n’exprimant jamais beaucoup de proximité avec les autres.

    « Ca, ce n’est pas grave. Je veux que tu m’expliques ce qu’il t’a pris pour faire… Ca. »

    Oui, c’était une légère touche de dégoût que l’on pouvait entendre sur ce dernier mot : Gabriel ne concevait pas qu’on puisse, soudainement et sans raison, se mettre à balancer toutes ses affaires au travers d’une pièce qu’on nous avait prêté. Notez d’ailleurs qu’il ne demandait pas d’explication à la jeune fille : il les exigeait avec l’assurance du chef qui comptait bien à ce que l’on cède à sa requête, comme un enfant capricieux qui ne tolérait pas de ne pas obtenir ce qu’il désirait… Ou comme le despote qu’il était, se sentant suffisamment puissant pour obtenir ce qu’il voulait de tout le monde. Pas sûre que ce soit du goût de June…
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June K. Lowy


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyLun 19 Déc - 17:24

June demeura quelques instants interdite.
Avait-elle bien entendu ? Ce ton si autoritaire employé ? Depuis quand se permettait-il de la traiter de la sorte ? Depuis quand devait-elle répondre au doigt et à l’œil, selon ses caprices ? Ne pouvait-il pas mettre deux secondes sa maniaquerie maladive de côté pour, à défaut de s’occuper d’elle, prendre soin de lui ? Son esprit supérieur échappait-il à tout sentiment humain ?

Elle chassa ces questions, transposa tout sur le compte d’un égoïsme certain qui devait coller à la peau des personnes un peu mégalo. Elle lui lança la trousse à pharmacie dans les bras avec brutalité, quand la réplique, amère et furieuse, franchit ses lèvres avant même qu’elle ne pût la retenir :

« Toi et Sund avez échangés vos corps, ou quoi ? »

À nouveau, la colère, sourde et dévastatrice, l’envahissait. Si June avait toujours été d’un caractère spontané, jamais elle n’avait laissé les sentiments destructeurs prendre le dessus. À bien y réfléchir, très peu de choses l’avaient mise dans cet état jusqu’à ce jour, et sa sœur n’en faisait même pas partie. Par contre, en tête de liste, se trouvait le charmant Gabriel Jewel, colocataire et bienfaiteur, chef de la Rébellion et ami. Mais en l’occurrence, elle ne voyait en lui qu’une insupportable tête à claque.

Pour qui diable se prenait-il ?
Elle ne le reconnaissait plus, il changeait à son insu. Ou alors, peut-être ne l’avait-elle jamais vraiment connu. Un ami n’aurait pas déjà deviné ? Ne l’aurait-il pas pris dans ses bras comme lors d’une nuit d’orage ? Car c’était une tempête de peine et de démences qui ravageaient June à son insu, une douleur lancinante qui l’écorchait, qui lui faisait peu à peu perdre du terrain sur ses si jolies résolutions. C’était le cumul de la mort de James, de celle de son père, du fardeau que trop pesant des responsabilités qui s’abattaient sur ses frêles épaules. Elle en avait tant voulu à Gabriel de ne pas avoir sauvé James, ce jour de bal, qu’elle en avait oublié de partager sa peine avec quelqu’un. Sur quelle épaule aurait-elle pu pleurer, si l’homme masqué qui l’avait complimentée sur sa robe ce soir-là semblait peu à peu perdre de son charme ? Comment confier ses craintes et ses peurs à quelqu’un qu’elle ne voyait plus ? Elle devait bien l’admettre, plus le temps passait, plus Gabriel était absent, plus il s’esquivait, moins il passait de temps avec elle.

« Utilise-donc ton intelligence supérieure pour répondre à ça, puisque tu es si hautain. »

Elle avait conclu d’un mouvement de bras exaspéré, avant de se diriger résolument vers la porte, où elle enfila une autre paire de chaussure à la va-vite, en attendant que Gabriel usât un tant soit peu de son brillant esprit. Elle ramassa un manteau qui traînait par terre, prête à quitter les lieux. Puis se ravisa aussitôt, se tourna vers lui, lui lançant un énième regard furibond, tout en reposant le manteau bien à sa place, sur la patère derrière la porte.

« Voudrais-tu bien sortir, je te prie, que je puisse entreprendre le rangement ? »

Elle, au moins, cachait ses ordres sous quelques apparences polies. Elle posa ses petits poings sur ses hanches, dans l’attente d’une réaction. Quelque part, elle le mettait au défi, au défi de la jeter dehors s’il en avait marre, ou alors, qu’il usât de ses pouvoirs pour remettre la pièce en ordre, et elle prenait ses affaires pour ne plus jamais revenir. Si elle quittait les lieux, désormais, elle pourrait vivre à l’Orphelinat. Et elle demeurerait un allié de la Résistance. Mais plus jamais elle ne s’inquiéterait pour Gabriel Jewel, plus jamais elle ne subirait ses caprices…

La perspective de la solitude lui serra le cœur. Elle tenta de ne rien laisser paraître, ne lâchant pour rien au monde son air revêche, mais intérieurement, elle se laissa déstabiliser par la simple hypothèse. Elle aimait cet endroit, c’était ce qui s’apparentait le plus à une maison pour elle ; emplie de bons souvenirs et joie de vivre. Et elle savait pertinemment qu’elle ne faisait que se mentir à elle-même : Gabriel lui manquerait atrocement et elle s’inquiéterait même davantage.
Mais tant pis. Elle n’avait pas le droit de s’imposer s’il ne désirait pas sa présence, elle ne pouvait pas dévaster les lieux à chaque fois qu’elle se sentait mal, elle ne devait pas laisser son égoïsme régir sa vie.

Et de toute manière, elle était furieuse. Furieuse et déterminée. Peu lui importait dans l’immédiat les conséquences, June savait que l’heure était venue de prendre des décisions. Et celles-ci dépendraient de bon vouloir de Gabriel.


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyMer 21 Déc - 23:24

    La comparaison avec le despote tant haï par la demoiselle fut une véritable claque pour Gabriel. Il fut tellement choqué qu’elle les compare, lui, Gabriel Jewel, chef de la Rébellion, celui qui mettait sa vie en jeu à chaque seconde pour que les habitants de l’île regagnent leur liberté, et Sund, le Despote, l’homme cruel à cause de qui la Résistance avait perdu deux proches de June, qu’il ne parvint pas tout de suite à répliquer. Bien entendu, ce n’était pas le rapprochement fait entre eux qui le choquait le plus : ils étaient comparables en tous points, aussi puissants l’un que l’autre, aussi désireux de se détruire l’un que l’autre, aussi engagés l’un que l’autre et peut être même aussi directif l’un que l’autre, l’un sous une cause jugée « bonne » cependant. Gabriel n’avait d’ailleurs jamais tenté de se différencier absolument de sa Némésis : s’il avait été son parfait opposé, il aurait attiré bien plus de doutes que si les différences entre eux restaient subtiles, celles qu’on peut voir chez les hommes plein de pouvoirs qui décident d’utiliser ceux-ci dans deux voies très différentes mais qui restent très proches par l’étendue de leur puissance et tout ce que cela implique forcément dans leur vie, à savoir notamment la crainte qu’ils inspirent automatiquement aux autres et ce sentiment, toujours, d’être marginal voire même supérieur, même s’ils ne veulent pas forcément l’être. Et puis, de toute façon, tout cela, ces petites différences, n’étaient que l’illusion que tout le monde voyait puisque Sund et Gabriel n’étaient qu’un. Non, ce qui le choquait n’était pas la comparaison en elle-même mais le fait que June la fasse : elle qui détestait tant Sund comparait celui avec qui elle vivait, qu’elle voyait parfois de mauvaise humeur mais la plupart du temps affable, avec l’objet de toute sa haine, celui là même qui avait assassiné son meilleur ami et son père. Elle ne se rendait pas compte à quel point elle tapait juste : peut-être qu’en laissant la colère le dominer, Gabriel avait laissé son côté Sundien apparaitre de façon un peu trop évidente. Il se devait de faire un peu plus attention ou elle finirait, peut être, par vraiment se rendre compte de quelque chose rien qu’en notant tous les jours les quelques déviances de son comportement normalement si placide.

    La douche glacée que venait de lui flanquer June avec cette simple remarque avait pratiquement éteinte les flammes de la colère de son hôte, même si quelques braises menaçaient de repartir. Il en avait presque manqué de laisser tomber la trousse à pharmacie qu’elle lui avait lancée sans ménagement. Ce fut impuissant qu’il la suivit des yeux alors qu’elle le blessait un peu plus à chacune de ses remarques. Ainsi, elle le trouvait hautain ? Alors même qu’en tant que Gabriel, il faisait tout justement pour ne pas en donner l’impression, pour présenter une certaine humilité, même lorsqu’il était obligé d’évoquer ses pouvoirs et ses chances contre Sund au sein de la Rébellion ? Son froncement de sourcil s’accentua encore alors qu’elle sembla vouloir sortir : elle comptait vraiment le planter là et partir il ne savait où, laissant la chambre dans cet état et prenant des risques inconsidérés en partant sans lui dire où elle irait et donc, sans lui donner d’indice pour la retrouver au moment où il commencerait à vraiment s’inquiéter alors même que sa colère serait retombée ? Il pouvait arriver n’importe quoi à un membre un minimum haut placé dans la Rébellion, et surtout qui se déclarait officiellement Rebelle : June, en vivant avec lui, était automatiquement l’une des plus en danger de toutes. Sa demande qu’il comprenait telle qu’elle était, à savoir un ordre, acheva de le blesser, bêtement : il ne supportait pas ce qu’il prenait alors pour de l’hypocrisie, cette condescendance qu’elle affichait alors même qu’ils étaient aussi en colère l’un que l’autre. Il y avait fort à parier qu’il aurait tout aussi mal pris qu’elle lui donne un ordre direct, sa susceptibilité exacerbée par sa colère : mais peu lui importait alors, le moindre geste, le moindre mot de June lui faisait tour à tour s’énerver plus encore puis regretter sa colère tout aussi vite.

    Il se mordit la lèvre inférieure, légèrement, tout en posant la trousse sur une commode à sa gauche, en arrière, n’ayant qu’à tendre le bras pour la poser à l’aveuglette. Il n’était vraiment, vraiment pas doué sur le plan humain : mais il ne supportait pas cette impression qu’il avait que partir sur cette dispute détruirait un certain nombre de choses. Loin d’obéir à la jeune fille, il s’avança vers elle, prit la parole plus calmement qu’avant bien que sa colère sur ce point fut encore clairement perceptible.

    « Je te prierais de ne plus me comparer à celui contre lequel on se bat, à cause duquel on risque notre vie tout les jours. »

    Il avait au moins fait l’effort de ne pas être trop égocentrique et d’inclure June dans la bataille. Il ne pouvait pas tolérer qu’elle les lie, tous les deux. Sans brusquerie, sans douceur non plus, il saisit le bras de la jeune fille de sa main non blessée, fermement tout en lui laissant l’occasion de se libérer si elle le voulait… à moins que ses paroles, un ton plus bas, plus hésitantes, le regard légèrement fuyant tout en se penchant légèrement vers elle, ne suffise à la retenir.

    « Tu sais très bien… Enfin… Que je n’ai jamais été doué avec tout ça. Non, je ne sais pas pourquoi tu as saccagé la pièce. Je sais juste… que j’ai eu peur qu’on t’ai attaquée, kidnappée ou pire, torturée et tuée en trouvant ta chaussure dehors et en voyant la fenêtre éclatée. »

    Le pire était ici le fait qu’il était bel et bien sincère : il avait été mort d’inquiétude, tout en détestant ce sentiment, à l’idée qu’on ait pu faire du mal à sa colocataire. Après cet excès de sincérité, de sensibilité qu’il n’appréciait pas pour dévoiler bien trop ses faiblesses, ce court et rare instant où il avait ouvert la porte de son cœur, il la lâcha, se redressant du même coup pour lâcher sur un volume à nouveau normal.

    « Maintenant, si tu me juges vraiment si hautain que ça et si c’est vraiment ce que tu veux, je m’en irais. Je voulais juste que tu saches quand même ça, parce que je crois que ça a son importance. »

    Oh oui, ça l’avait, Gabriel lui-même ne s’en rendant pas compte. Et pas seulement pour June, pour lui aussi : il montrait alors qu’il avait, vraiment, énormément d’affection pour sa colocataire, cela même qu’il avait toujours essayé d’éviter. Quoi qu’il en soit, il attendait désormais, immobile, qu’elle prenne une décision : soit elle acceptait ce qui était, sans qu’il le réalise, des excuses pour son comportement excessif, soit elle le mettait hors de la chambre qu’il lui avait cédée et qui était pour lui, bien que dans sa propriété, celle de June, et dont elle avait parfaitement le droit de le jeter.
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June K. Lowy


June K. Lowy


Âge du peronnage : 18 ans
Localisation : Dans l'ombre de Gabriel
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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyDim 12 Fév - 10:49

Le silence s’installa.

Silence durant lequel June se figea, analysant chacune des paroles de son hôte. La culpabilité l’envahit, se nichant dans ses entrailles, la rendant nauséeuse. Elle se sentait égoïste et puérile dans ses réactions désespérément démesurées. Elle s’était refermée sur sa peine et son désarroi sans prendre en compte des dommages collatéraux. Et pourtant, n’avait-elle pas le droit d’être un peu égoïste de temps en temps ? Elle qui se dédiait tout entière à la cause, qui avait été prête à tout sacrifier pour combattre ? Elle se souvint de cette main posée sur son épaule pour la pousser à se mettre à genoux lors du fameux bal d’Halloween. Son cœur se serra davantage.

James. Son père.
Supporterait-elle de perdre Gabriel ensuite ?

Bien évidemment que non. Elle ne pourrait pas quitter cette maison, le laisser derrière. Si quelque chose venait à lui arriver, jamais elle ne pourrait se le pardonner. Jamais elle ne pourrait poursuivre son existence. Il était tout ce qu’elle avait. June avait beau être quelqu’un de particulièrement sociable, la plupart de ses relations étaient professionnelles ou (et) dénuées de toute confiance. Parce que Sund avait détruit la valeur qu’était la confiance en tournant les habitants les uns contre les autres. Il les avait sournoisement manipulés. La méfiance faisait partie du quotidien de tous. L’hypocrisie. En attendant patiemment de se poignarder.

Les paroles de Gabriel lui laissèrent à penser qu’elle avait une place particulière dans sa vie, elle aussi. À quel point, elle l’ignorait, mais il s’inquiétait pour elle, et cela la réconfortait en un sens. Elle avait le sentiment désormais que ce n’était pas un attachement à sens unique, qu’elle n’était pas seule au monde. Et elle ne l’abandonnerait pas, désormais. Elle ne pourrait pas le laisser seul. La solitude devenait trop lourde à porter.

L’idée de déménager restait là, cependant. Et si lui avait besoin de distance ? Si s’inquiéter pour elle le rendait vulnérable ? Si la Résistance avait besoin d’un Gabriel solitaire, prêt à tous les sacrifices ? James lui-même n’avait pas été que de la simple chair à canon ? La question méritait d’être posée directement au propriétaire des lieux. Une autre fois. Et si elle demeurait ici, elle demanderait à payer un loyer. C’était la moindre des choses.

Elle poussa un léger soupir, refoula sa confusion. Tenta de faire de même avec sa fureur et son chagrin. Mais ils lui collaient à la peau, mal être constant.

D’un mouvement doux, elle referma la porte, signifiant silencieusement à Gabriel qu’il pouvait rester s’il le souhaitait. Puis elle se dirigea vers le lit, en tira la couette pour le rendre plus présentable. Puis elle saisit la trousse à de premiers soins sur la commode, attrapa Gabriel par le poignet de sa main blessée et le tira jusqu’à au lit pour l’inviter à s’y asseoir. Toujours sans un mot. Mais, le marché tacite était des plus simples : elle parlerait s’il acceptait de se faire soigner. Cela ne servait à rien de poser la question à voix haute, puisqu’il répondrait forcément par la négative, entêté comme il était. Autant évoluer en silence, communiquer par les gestes. Et ainsi, June espérait éviter quelques nouvelles paroles malencontreuses.

Elle commença à nettoyer les coupures, tâchant de ne pas faire mal à son colocataire, avant de chercher ses mots. Rassemblant son courage, elle s’éclaircit la gorge. Elle hésita. Par quoi commencer ? La tentation de lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle avait pensé en écoutant ses paroles touchantes imprégnait son esprit, s’y accrochait. Non. Répondre à sa question était une priorité. Mettre fin à cette dispute stupide.

« James me manque, » souffla-t-elle doucement.

Elle inspira un grand coup, pour poursuivre :

« Et mon père aussi. Je me sens coupable. Triste et furieuse. Et je me suis laissée emportée. Désolée, je ne voulais pas t’inquiéter, je… Je ne sais pas ce quelle mouche m’a piquée. »

Elle se tut.
Elle pourrait bien développer sur chacun de ses sentiments, hurler sa frustration et son chagrin, mais elle ne voulait pas incommoder Gabriel avec de longs discours. Surtout pas au sujet de son père. À quoi bon préciser la nuance pour son père ? Que l’amertume subsistait ? Que l’héritage lui pesait ? Qu’elle avait peur ? Non. Surtout taire sa crainte concernant sa nouvelle position. Ce serait donner un prétexte à Gabriel pour l’écarter – ce qu’il faisait bien assez souvent comme ça. Elle devait redevenir forte, elle le savait.

Et n’attendant pas vraiment de réponse, quoi qu’elle fût certaine que Gabriel allait lui en donner une quand même, elle examina les coupures, jugeant qu’elles n’auraient pas besoin d’être recousues. Elle sortit compresses et bandages, poursuivant son ouvrage avec délicatesse.

Pas un instant elle n’osa croiser le regard du meneur de la Résistance.

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Gabriel Jewel


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptyVen 24 Fév - 23:58

    Un nouveau silence s’installa après les mots de Gabriel. Comme s’il était essentiel entre eux, comme s’ils exprimaient bien plus de chose par ce biais. Au fond, c’était bien le cas : le silence permettait à chacun d’observer l’autre, sans avoir à se concentrer sur des paroles quelconque. A quoi bon parler alors que les gestes en disaient parfois bien plus ? Ce fut donc en silence qu’elle lui signifia qu’il pouvait rester, en silence qu’elle lui prit la main, en silence qu’elle le fit s’assoir sur le lit afin de le soigner. Il se laissa faire, n’ayant plus aucune raison de refuser alors que l’orage passait doucement. Après plus d’un an de cohabitation, elle savait s’y prendre avec lui : l’essentiel était, toujours, de ne pas le brusquer, de ne pas s’opposer à lui de manière trop franche, trop frontale. Il était loin d’être idiot et il savait parfaitement que l’on était contre lui même lorsqu’on louvoyait pour se faire : seulement, il préférait qu’on le contredise avec délicatesse. Il ne saurait même pas expliquer ce fait, d’autant plus que, s’il fallait lui exposer ses arguments avec douceur, il ne supportait ni la flatterie, ni l’hypocrisie. Il était vain de tenter de le tromper avec de belles paroles : il finirait tôt ou tard par s’en apercevoir. Il était ainsi très compliqué d’argumenter contre un homme pareil, dont les désirs étaient si fixés : bien sûr, il faisait un effort lorsque l’argumentation pratique était nécessaire, notamment pour la Resistance. Mais sur le plan humain, il n’était vraiment, vraiment pas doué. Aussi le silence était-il souvent préférable alors qu’on se trouvait face Gabriel Jewel, le langage du corps exprimant des messages suffisamment profond pour qu’il ne puisse les contester.

    Gabriel n’était pas facile à vivre. Cela faisait des années qu’il était plus ou moins coupé des autres, qui avaient commencé à le craindre, à l’éviter ou à l’inverse à se rapprocher de lui dans le seul but du profit alors qu’il développait son potentiel. En les voyant s’éloigner sentimentalement parlant de l’enfant qu’il était alors, le futur dictateur avait eu bien du mal à comprendre ce qui lui arrivait : il était bien trop tard pour lui lorsqu’il comprit enfin, en entendant une personne qu’il aimait de tout son petit cœur et qui ressemblait tant à June, que les rares personnes qu’il pensait aimantes ne voulaient que se servir de lui et de ses pouvoirs. Depuis ce jour, il distingua deux phases envers les autres : il y eut tout d’abord celle de dégoût, et peut être de crainte aussi. L’homme en général l’écoeurait au plus haut point, ce profiteur qui faisait fi des sentiments des autres. Et parce qu’il était blessé, il craignait qu’on atteigne à nouveau son cœur. Plutôt mourir que l’ouvrir à nouveau : il dressa alors une muraille invisible entre lui et les autres, qui n’avait en ce temps là qu’un simple but défensif. Mais le temps fit évoluer les choses et, depuis, il se réfugiait dans la plus haute tour de sa forteresse non pas pour fuir les autres comme il l’avait fait auparavant mais bien pour les observer de là haut et leur accorder tout le mépris qu’il jugeait nécessaire. Oui, Gabriel avait appris à prendre les gens de très haut et à les mépriser : certes, en tant que leader de la Rébellion, il le dissimulait efficacement. Mais le sentiment restait le même : il haïssait le monde. Avant que June vive chez lui, il avait sa maison pour le montrer : aujourd’hui, il était obligé de réfréner sa haine contre les gens, ce qui le rendait particulièrement difficile à vivre. Le supporter au quotidien était un exploit dont la jeune Lowy pouvait s’enorgueillir : mais au-delà de ça, elle le faisait vivre à nouveau en société et lui apprenait à éprouver des sentiments positifs à nouveau.

    Elle soignait sa main avec douceur et cette douceur là le toucha, achevant de faire taire la colère qui grondait en lui. Il remarqua bien qu’elle fuyait son regard, profitant du fait de devoir soigner sa main : lui au contraire ne la quittait pas des yeux, tentant sans se montrer trop insistant non plus de trouver les yeux qu’elle s’acharnait à maintenir hors de vue. Le silence perdura un instant sans jamais devenir insupportable : il était nécessaire. Puis, bas, la jeune fille se livra, légèrement. Gabriel chercha son regard un instant encore : c’était donc ça… Il n’aurait pas pu le deviner lui-même, non : ces préoccupations étaient trop loin du maître de l’île… ou du moins s’efforçait-il de les tenir loin de lui. Le silence suivit les paroles de la demoiselle, plus court que les précédents, néanmoins : c’était le silence nécessaire à Gabriel pour se demander que faire, le temps de semi réflexion qu’il s’accordait dans un moment qui, pour tout être normalement constitué, devrait être spontané. Et enfin il agit.

    Ce fut avec douceur que sa main non blessée se glissa sur la taille de June alors même qu’il se redressait doucement, avec douceur qu’elle remonta le long de son dos jusqu’à se perdre dans ses cheveux au moment où, debout, il l’attirait contre son cœur. Il ne savait même pas vraiment pourquoi il agissait ainsi pour la jeune fille, ou plutôt si, il ne le savait que trop : il espérait apaiser ne serait-ce qu’un peu sa peine. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était pourquoi il avait alors ce but. Mais peu importait dans l’immédiat : l’atteindre était le principal. Gabriel baissa la tête, afin de pouvoir murmurer doucement à l’oreille de sa colocataire, hésitant mais néanmoins sincère, comme le jeune homme sentimentalement handicapé qu’il était :

    « Je… Je suis désolé, June. »

    Oui, il était désolé du sort tragique du courageux – ou inconscient, tout dépendait du point de vue que vous décidiez d’adopter – James et de M Lowy, le bienfaiteur. Pas vraiment parce qu’il était vraiment attaché à ces deux personnes, quoi que cela était en partie le cas pour le dernier : plutôt parce qu’ils représentaient tout deux deux idéaux, deux personnes que Gabriel aurait voulu être malgré leurs défauts dont il avait connaissance.

    « … Je… Tu n’as pas à te sentir coupable. Tu n’y es pour rien, tu ne pouvais rien faire… Je suis mille fois plus coupable que tu pourrais l’être, June. Excuse-moi.»

    Oh oui, il était plus coupable : il aurait pu agir pour les sauver tous les deux, dans une mesure que June ignorait. Mais à ses yeux à elle, ce ne serait que parce qu’il les avait enrôlés dans sa Rébellion, parce qu’il avait été incapable d’agir à l’instant précis où ils étaient décédés. Devant elle, c’était également la première fois qu’il exprimait une once de culpabilité envers James. Et il n’était que sincérité. Quelque part, c’était ça qui l’inquiétait : il n’était pas censé éprouver ces sentiments.
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June K. Lowy


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MessageSujet: Re: Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel}   Quand les chaussures se mettent à voler {Gabriel} EmptySam 10 Mar - 12:01


Le temps sembla, l’espace de quelques instants, s’arrêter.
Le contact la fit frémir ; cette main sur sa taille, puis sur son dos, cette caresse tendre et inattendue la laissèrent sans voix. L’étreinte, douce, estompa sa peine dans la seconde et son cœur, traître, se mit à battre la chamade. Ses sens s’affolèrent dans l’instant, l’odeur de Gabriel l’enveloppa, rassurante, elle perçut le bref bruissement des tissus de leurs vêtements et celui, plus subtil, de ses cheveux entre ses doigts, de ses mèches folles contre la peau de son colocataire, contre ses vêtements. Son corps, délicatement pressé contre le sien, s’électrisait au contact.
Une fois passée la surprise de l’instant, ce sentiment hagard après tant de colère évacuée, June apprit à apprécier le geste ; elle se détendit, se laissa aller, appuya sa tête au creux de l’épaule de Gabriel, trouvant un peu de réconfort, de bonheur même, dans cet enlacement. Elle ferma les paupières et elle se laissa bercer par cette douceur nouvelle.

Et elle lui rendit son étreinte avec une ardeur nouvelle, celle de la réciprocité, comme pour le remercier de l’attention qu’il lui portait.
Mais les paroles de Gabriel, si gentilles fussent-elles, la firent culpabiliser aussitôt. Pourquoi diable avait-elle alourdi le fardeau qui pesait déjà sur les épaules du chef de la Résistance ? Ne pouvait-elle pas garder ses souffrances pour elle ? Elle jura en son for intérieur, ferma les yeux pour réprimer une envie de prononcer tout haut quelques paroles malvenues. Au lieu de cela, elle encercla Gabriel de ses bras, lui rendit son étreinte et se blottit davantage contre lui, enfouissant son nez dans son cou, puisant un semblant de force dans cette marque d’affection, profitant au mieux de cet instant éphémère – car elle le savait, bientôt, Gabriel se détacherait d’elle pour repartir à ses occupations, et elle n’aurait plus qu’à ranger cette chambre dévastée.

Tout bas, elle souffla :

« Ne dis pas ça. »

Elle prit une profonde inspiration pour y puiser un peu de détermination.

« Je serai plus forte, voilà tout. »

C’était la seule solution, à ses yeux. Gabriel avait beau être l’homme au Potentiel le plus puissant de toute l’île, il n’était pas omnipotent. À quoi lui servirait la Rébellion autrement ? Elle en partageait la tête avec lui, elle devait désormais s’en montrer digne. Faire son deuil, transformer son chagrin en énergie, faire de chacun de ses doutes une nouvelle force. Et ne plus laisser qui que ce fût mourir.

Forte de cette conviction, elle reformula mentalement ses paroles plusieurs fois, comme pour renforcer cette promesse. Plus elle s’attachait à son colocataire, plus elle désirait le protéger, l’aider à atteindre son but. Chaque jour passé sur cette île rendait plus insistante encore son envie de détrôner Sund. Si elle se creusait suffisamment la tête, pourrait-elle trouver le point faible de Sund ? Pourrait-elle mettre fin à sa tyrannie si elle s’y consacrait suffisamment ? Devrait-elle tout abandonner pour le vaincre ? Elle songea à l’Orphelinat, devrait-elle le vendre et mettre tous ses biens dans le financement de la Résistance. Elle chassa l’idée sitôt qu’elle eut effleuré son esprit ; non, elle ne pouvait pas s’abaisser à cela. L’œuvre des Lowy par elle-même était un symbole de lutte à ses yeux, elle permettait aux orphelins dont les enfants des Conseillers autrefois tués par Sund de poursuivre leur existence, d’être éduqués sous des principes secrètement démocratiques, de développer leur potentiels à l’Académie. Et si un jour naissait un enfant encore plus puissant que Sund ou Gabriel ? L’Orphelinat était une trop grande entreprise pour qu’elle pût se résoudre à tout détruire sur un coup de tête.

Doucement, elle délogea son nez du cou de Gabriel, son menton reposant désormais sur l’épaule de son colocataire. Son regard acajou se posa distraitement sur la fenêtre cassée et elle soupira. Les mots lui échappèrent dans un murmure las.

« On trouvera sa faiblesse. »

Celle de Sund, s’entendait. En dépit de sa fatigue, sa résolution ne faiblissait pas, elle demeurait, intense, là, quelque part. Et elle comptait bien mener ses plans à exécution, un jour contempler le visage du tyran condamné, libérer l’île de son joug. Une nouvelle vie lui tendait les bras, il était hors de question pour elle de la gaspiller en regrets.


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